Chronique de Simon

Chronique de Simon

Simon est membre de l’association et joueur amateur de l’US2 Vireux (Ardennes). Simon est un milieu de terrain infatigable âgé de 26 ans. Petit gabarit vif, tenace et talentueux, il rayonne sur le terrain  par son comportement exemplaire qui force le respect…  Il nous livre son point de vue sur l’homosexualité dans le football :

Le sport est-il prêt à assumer l’homosexualité ?

Entre machisme, regard des autres, vision traditionnelle de la famille et héritage religieux,  l’homosexualité en France n’est pas facile à assumer. Le renvoi d’image que nous imposent les autres est un poids quotidien quand on se sent différent. Les mentalités collectives reposent sur des clichés solidement ancrés et il est difficile d’amorcer le changement quel qu’il soit. L’homosexualité est même parfois perçue comme une maladie et fait peur car encore trop souvent associée aux MST comme le SIDA. C’est la dévalorisation de l’individu et sa mise à l’écart qui sont en jeu derrière l’homosexualité, avec le lot de souffrances et de mal être qui les accompagne. A force de marteler les préjugés homo, l’individu finit par croire inconsciemment qu’il est malade voir même contagieux. Le chemin de la « guérison » est personnel et passe par l’acceptation de soi même, de son corps, de son esprit, de sa nature intérieure et de ses propres choix.

Les choix simples du quotidien deviennent cornéliens lorsqu’il s’agit de dissimuler sa différence. L’expression libre de l’homosexualité demande du courage et les Coming out font encore trop souvent figure d’exception dans le sport bien entendu et plus largement dans la société comme en entreprise ou à l’école.

L’accompagnement des amis, de la famille, du corps médical est un levier important pour initier et instaurer un changement significatif dans cette société. Cependant il faut être prudent car malgré le courage nécessaire pour assumer leur homosexualité, ceux qui l’ont fait et qui osent en parler sont souvent dans une période de doute et de remise en cause de leur choix. Ai-je pris la bonne décision en m’assumant de cette manière ? Aurai-je dû l’annoncer différemment ? Qu’est ce qui va changer chez mes amis ? Et au boulot ? Dans cette période de doute les propos même amicaux peuvent blesser car ils sont parfois accompagnés de non-dits et de sous-entendus qui rongent les relations. Ainsi nous trouvons important d’être un soutien dans ces phases de remise en cause et de dire les choses telles qu’elles sont et non pas telles qu’on voudrait qu’elles soient. Le partage d’expérience, les témoignages et les conseils de personnes connues ou non ayant vécu les mêmes difficultés doivent permettre de se sentir moins seul voir soutenu et accompagné dans sa démarche.

Certains sportifs célèbres ont réussi leur coming out. Cette sortie du placard les oblige à être encore meilleurs. Amélie Mauresmo, une tennisman française, a par exemple accédé à la place de numéro 1 mondiale après avoir révélé au grand public son homosexualité dès le début de sa carrière. Ceci nous amène à nous questionner sur le fait que s’assumer soi même est une qualité première pour n’importe qui puisqu’elle permet de se concentrer sur les choses essentielles et non pas de rester centré sur sa propre personne en s’apitoyant sur son sort.

On ne retrouve pas les mêmes discriminations chez les homosexuels hommes et femmes. Cette différence se retrouve une nouvelle fois dans les us et coutumes européennes. Chez les hommes, la virilité, la perfection physique et la masculinité sont les valeurs même, qui ont fait rentrer le sport dans la société. D’ailleurs au début le sport est exclusivement réservé aux hommes et à la vision hétéro de la masculinité. Ce constat est sans doute encore plus vrai dans les sports qui font la démonstration de la force pure ou du combat physique comme le rugby par exemple où l’archétype de l’homosexuelle reste la tata et très rarement le leader. Chez les femmes au contraire, les préjugés partent du constat que la gente féminine n’est pas faite pour le sport et les femmes sportives sont facilement assimilées à des lesbiennes ou des garçons manqués.

Notre objectif n’est en aucun cas de convaincre et de faire accepter à tout le monde l’homosexualité mais bien de favoriser le vivre ensemble.

De nombreuses structures pro-homosexuelle voient le jour à l’image des clubs sportifs gays et lesbiens reconnus par les fédérations sportives. Même si l’objectif final et attendu est l’intégration  dans les clubs traditionnels, ces initiatives font aujourd’hui beaucoup d’adeptes et bien souvent c’est l’inverse qui se produit puisque de plus en plus d’hétéros fréquentent ces structures. L’ouverture d’esprit, la fraternité, la bonne humeur sont recherchées par les adhérents. Tout le monde est bienvenu et la force du mélange exacerbe la tolérance et l’ouverture d’esprit. Cela permet en outre , à chacun de faire son autocritique vis-à-vis de sa propre acceptation des différences.

Si chacun se pose la question des préjugés contre l’homosexualité, on se rend vite compte qu’elle est comparable au racisme envers les noirs dans les années 60-70. Lorsque l’on regarde la société à travers le spectre des médias et du sponsoring et que l’on observe la place des noirs dans des sports comme le Basketball aux Etats-Unis cela laisse beaucoup d’espoir quant à l’avenir de l’homosexualité dans le sport. La mode et le marketing seront peut-être les vecteurs de cette acceptation.

 

 

 

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